XXVII

Après avoir fait antichambre pendant une heure, Ann Harrison fut introduite dans le bureau de Marcus Appleton.

Celui-ci avait l’air affable et l’allure de l’homme d’affaires compétent et prospère.

— Miss Harrison, dit-il, je suis heureux de vous voir. J’ai lu tant de choses sur vous, à propos, je crois, d’un point de droit que vous avez soulevé au cours d’un procès.

— Cela n’a pas servi à grand-chose, dit Ann.

— Peut-être, mais ça valait la peine de soulever ce lièvre. Ce sont des initiatives comme les vôtres qui font évoluer la loi.

— Merci pour le compliment, si c’en est un.

— C’en est un. Maintenant, je vous prie, qu’est-ce qui me vaut l’honneur de votre visite ? Que puis-je pour vous ?

— Premièrement, dit Ann, vous pouvez enlever la table d’écoute installée sur mes lignes téléphoniques. Deuxièmement, vous pouvez rappeler les détectives que vous avez chargé de me suivre. Et troisièmement, vous pouvez me dire de quoi il s’agit.

— Mais, chère mademoiselle…

— Inutile de vous fatiguer. Je sais que vous avez mis une table d’écoute, peut-être au standard. J’ai l’intention de vous intenter des poursuites, à vous et au personnel de la compagnie du téléphone, pour vous interdire de porter atteinte à mon intimité et à celle de mes clients qui est d’ailleurs bien plus importante que la mienne et…

— Vous ne pouvez pas vous en tirer comme ça, dit Appleton brutalement.

— Je crois que si. Aucun tribunal ne saurait tolérer une telle situation. Cela porte directement atteinte aux droits traditionnels de la défense. Et cela porte également atteinte aux bases mêmes de la justice.

— Vous n’avez pas de preuves.

— Je crois que si. Mais je ne tiens pas à en discuter avec vous. Quand bien même mes preuves seraient insuffisantes, et je ne crois pas que cela soit le cas, je pense que la cour ordonnerait une enquête.

— C’est absurde ! explosa Appleton. Les tribunaux n’ont pas de temps à perdre en sottises de ce genre…

— C’est à voir…

— Vous finirez probablement rayée du barreau, dit froidement Appleton.

— C’est possible, si vous tenez autant les tribunaux que vous le croyez. Mais je ne pense pas que ce soit le cas.

Appleton hurla en bredouillant :

— Nous tenons les tribunaux ? Vous y allez un peu fort.

— C’est comme ça, dit calmement Ann, la justice et les journaux. Mais vous ne pouvez pas empêcher les bruits de courir. Si les tribunaux essayaient de me faire taire, et si les journaux ne parlaient pas, ça ferait quand même du chambard. Vous pouvez me croire, monsieur Appleton, il y aurait un chambard comme vous n’en avez jamais vu.

Il ne bredouillait plus :

— C’est une menace ? demanda-t-il d’une voix glaciale.

— Je ne crois pas, dit Ann. J’ai encore confiance dans la justice telle qu’elle est dispensée par la loi. Je crois encore que les tribunaux offrent quelques possibilités de recours. Et je ne suis pas sûre que vous puissiez museler tous les journaux.

— Vous ne tenez pas le Centre Eterna en grande estime ?

— Et pourquoi l’y tiendrais-je ? Vous avez tout avalé. Vous avez tout supprimé. Vous avez freiné le progrès et rendu les gens stupides. Il y a encore des gouvernements, mais ce sont des gouvernements fantômes qui marchent au doigt et à l’œil. En contrepartie, vous prétendez offrir quelque chose, et c’est sans doute vrai, mais avez-vous besoin de faire payer si cher vos services ?

— C’est bon, dit-il. Si vos téléphones sont branchés sur une table d’écoute et qu’on supprime celle-ci et si on rappelle ceux que vous appelez nos détectives, qu’est-ce qu’il vous faudra encore ?

— Allons, allons, monsieur Appleton, soyons sérieux. Vous ne ferez rien de tout cela. Si pourtant c’était le cas, vous pourriez encore quelque chose pour moi. Vous pourriez me dire tout ce que cela signifie.

— Miss Harrison, je vais être aussi franc avec vous que vous l’avez été avec moi. Si on vous a surveillée, c’est parce qu’on voulait connaître la nature de vos relations avec Frost.

— Je n’ai aucune relation avec lui. Je ne l’ai vu qu’une seule fois.

— Alors, vous êtes allée lui rendre visite ?

— Je lui ai demandé de m’aider pour un client.

— Pour ce Franklin Chapman ?

— Lorsque vous parlez de Franklin Chapman, j’aimerais que vous changiez de ton. Cet homme a été condamné en vertu d’une loi inqualifiable qui s’intègre fort bien dans le contexte du désespoir fou que le Centre Eterna impose au monde.

— Vous avez demandé à Frost d’aider Chapman ?

Elle acquiesça :

— Il m’a dit qu’il ne pouvait rien faire, mais que si jamais, dans le futur, l’occasion d’aider mon client se présentait, il interviendrait.

— Donc Frost n’est pas votre client ?

— Non.

— Il vous a remis un papier.

— Il m’a remis une enveloppe. Close. Je ne sais pas si elle contenait quelque chose.

— Et il n’est toujours pas votre client ?

— Monsieur Appleton, en tant qu’être humain, il m’a confié, à moi, autre être humain, une enveloppe. C’est très clair. Il n’y a pas besoin pour cela d’être impliqué dans des complications juridiques.

— Où est cette enveloppe ?

— Pourquoi ? demanda Ann. J’ai pensé que vous l’aviez. Quelques-uns de vos hommes ont fouillé mon bureau de fond en comble, mon appartement aussi. J’ai pensé que, de toute évidence, vous l’aviez trouvée. Si vous ne l’avez pas, je ne vois pas où elle est.

Appleton était assis derrière son bureau et la fixait, tellement immobile, que ses paupières ne remuaient même pas.

— Miss Harrison, dit-il enfin, vous êtes la personne la plus culottée que j’aie jamais rencontrée.

— Je suis déjà entrée dans la fosse aux lions mais je n’ai pas peur des lions.

Appleton chassa nonchalamment d’une chiquenaude un grain de poussière imaginaire :

— Vous et moi, dit-il, allons parler intelligemment. Vous êtes venue pour faire un arrangement.

— Je suis venue pour ne plus vous avoir sur ma route.

— L’enveloppe, dit-il, et Frost est réhabilité.

— Sa peine annulée. Les tatouages enlevés. La restitution de ses biens. La réintégration à son poste.

Il opina.

— On pourrait voir ça.

— Eh bien ! quelle bonté de votre part, alors que vous pourriez le tuer tout aussi facilement !

— Miss Harrison, dit-il tristement, vous devez penser que nous sommes des monstres.

— Bien sûr.

— L’enveloppe ? demanda-t-il.

— Je présume que vous l’avez.

— Et si ce n’est pas le cas ?

— Alors, je ne sais pas où elle est. Et, de toute façon, tout cela est sans importance. Je ne suis pas venue ici pour faire ce que vous appelez un arrangement.

— Mais puisque vous êtes ici ?

Elle hocha la tête :

— Je ne suis pas mandatée pour cela. Toute discussion de ce genre doit se dérouler en présence de Daniel Frost.

— Vous pourriez lui en faire part.

— Oui, dit-elle à voix basse, je crois.

Appleton se pencha un tout petit peu trop vite, comme un homme qui essaierait de ne pas marquer d’empressement du tout, mais qui ne pourrait malgré tout s’en empêcher.

— Alors vous devriez, dit-il.

— J’allais vous dire que je pourrais lui en faire part si je savais où il est. Vraiment, monsieur Appleton, tout cela a si peu d’importance. Ça ne m’intéresse pas et je doute fort que M. Frost s’en soucie plus que moi.

— Mais Frost…

— Il sait aussi bien que moi, dit Ann, qu’il ne peut pas vous faire confiance.

Elle se leva et se dirigea vers la porte.

Appleton se mit maladroitement debout et passa devant son bureau.

— Sur cet autre sujet, dit-il…

— J’ai décidé, lui dit Ann, que je ne devais pas vous faire confiance plus que M. Frost.

Dans l’ascenseur, elle sentit un doute pressant l’envahir. Où en était-elle vraiment arrivée ?

Elle avait dit à Marcus Appleton qu’elle savait qu’on la surveillait. Et elle avait appris, bien sûr, qu’il n’en savait pas plus qu’elle sur l’endroit où se trouvait Frost.

Elle traversa le hall et gagna le parking. Là, près de sa voiture, se tenait un homme vêtu de gris, très maigre et très grand. Il avait les cheveux gris et sa courte barbe était poivre et sel.

Quand il la vit approcher, il ouvrit la portière et dit :

— Miss Harrison, vous ne me connaissez pas, mais je suis un ami. Vous venez de parler à Appleton et…

— S’il vous plaît, dit Ann, s’il vous plaît, laissez-moi tranquille.

— Je m’appelle George Sutton et je suis un Saint, lui dit-il calmement. Appleton donnerait gros pour me mettre la main dessus. Je suis né Saint et je le resterai. Si vous ne me croyez pas, regardez.

Il ouvrit sa chemise et montra le côté droit de sa poitrine.

— Pas de cicatrice d’incision, je n’ai pas d’émetteur.

— La cicatrice aura disparu.

— Vous vous trompez. Ça laisse toujours une cicatrice. Quand on grandit, on doit implanter d’autres émetteurs. Le dernier est mis à la fin de l’adolescence.

— Montez dans la voiture, dit-elle d’un ton sec. Sans cela, quelqu’un pourrait nous voir. Et si vous n’êtes pas un Saint…

— Vous croyez peut-être que j’appartiens au Centre Eterna. Vous croyez…

— Montez.

Une fois dans la rue, la voiture se mêla au flot de la circulation.

— J’ai vu Daniel Frost la nuit où il a disparu. Un de mes hommes l’a amené dans notre cachette et nous avons parlé.

— Qu’est-ce que vous lui avez dit ?

— Des tas de choses. On a parlé de notre campagne de slogans, il n’en pensait pas grand-chose. Je lui ai demandé s’il lisait la Bible et s’il croyait en Dieu. Je demande toujours cela aux gens. Dites-moi, mademoiselle, vous m’avez posé une drôle de question, vous m’avez demandé de quoi nous avions parlé ? Qu’est-ce que ça peut faire ?

— C’est que je sais à peu près quelle a été votre conversation.

— Alors, vous l’avez vu ?

— Non.

— C’est un autre homme, n’est-ce pas ?

— Oui. Dan lui a dit que vous l’aviez questionné sur la Bible et que vous lui aviez demandé s’il croyait en Dieu.

— Alors, vous voilà rassurée à mon sujet.

— Je ne sais pas, dit-elle, la voix tendue. Je crois que oui, bien que je n’en sois pas sûre. Ça a été un tel cauchemar. Ne rien savoir, être surveillée. Je le savais, je les avais vus. Et je suis convaincue que mon téléphone était branché sur une table d’écoute. Je ne pouvais pas rester sans rien faire. Je ne pouvais accepter passivement. C’est pourquoi je suis allée voir Appleton. Et vous aussi, vous me surveilliez !

Il fit un signe affirmatif.

— Vous, Frost et cet autre homme.

— Chapman ?

— Oui, mademoiselle ! Nous ne nous contentons pas de barbouiller les murs de slogans. Nous faisons bien d’autres choses. Nous combattons les gens du Centre Eterna par tous les moyens.

— Pourquoi ?

— Parce que ce sont nos ennemis, ce sont les ennemis de l’humanité. Nous sommes tout ce qui reste de l’ancienne humanité. Nous sommes la résistance. On nous a poussés à la résistance.

— Ce n’est pas ce que je veux dire. Je veux dire pourquoi nous surveillez-vous ?

— Je pense que c’est indispensable. Mais nous pouvons vous aider, aussi. Nous étions tout près la nuit où l’homme a été tué, derrière le restaurant. Nous étions prêts à intervenir mais Frost n’a pas besoin de notre aide.

— Vous savez où il se trouve ?

— Non. On sait qu’il a volé une voiture. Il a dû quitter la ville. On a perdu sa trace, mais, en dernier lieu, on sait qu’il s’est dirigé vers l’ouest.

— Et vous pensiez que j’aurais une idée sur sa destination ?

— Non, je ne crois pas. On ne vous aurait pas contactée si vous n’étiez pas allée au Centre Eterna.

— Quel rapport ? J’avais bien le droit…

— Bien sûr. Mais Appleton sait maintenant que vous savez qu’il vous filait. Tant que vous faisiez l’innocente et ne disiez rien, vous ne risquiez rien.

— Ce qui veut dire que je suis en danger ?

— Vous ne pouvez pas tenir tête au Centre Eterna. Personne ne le peut. Vous aurez un « accident ». Le cas s’est déjà produit, vous savez.

— Mais je possède quelque chose qu’il veut.

— Non, pas qu’il veut, mais plutôt, qu’il veut que personne n’ait. La solution est très simple. Une fois Frost et vous hors course, il sera tranquille.

— Vous savez tout là-dessus ?

— Mademoiselle, je ne serais qu’un vieil imbécile si je n’avais pas de sources de renseignements au Centre Eterna.

C’était donc cela, pensa-t-elle. Ce n’était pas seulement des fanatiques religieux, pas seulement des gens qui barbouillaient des slogans, mais des rebelles efficaces et bien organisés qui avaient, au cours des années, causé un tort considérable au Centre.

Mais leur entreprise était vouée à l’échec. Nul ne pouvait se dresser impunément contre une organisation qui, en fait, sinon en droit, possédait le monde et qui promettait, en outre, la vie éternelle au genre humain.

— J’imagine que je dois vous remercier, dit Ann.

— Inutile.

— Où puis-je vous laisser ?

— Miss Harrison, j’ai encore quelque chose à ajouter. J’espère que vous allez m’écouter.

— D’accord.

— Ce papier que vous avez…

— Vous le voulez, vous aussi.

— Si quelque chose devait vous arriver, si…

— Non. Il ne m’appartient pas. Daniel Frost me l’a simplement confié.

— Mais s’il devait être perdu. C’est une arme, vous ne le voyez donc pas ? Je ne sais pas ce qu’il contient mais…

— Je sais. Vous vous servez de tout ce que vous pouvez trouver. N’importe quoi. Peu importe comment vous l’obtenez.

— Ce n’est pas un compliment que vous nous faites mais je pense que c’est vrai.

— Monsieur Sutton, je vais m’approcher du trottoir. Je vais ralentir mais pas m’arrêter. Et je veux que vous descendiez.

— Si vous voulez, mademoiselle.

— Oui. Et laissez-moi tranquille. La surveillance du Centre me suffit. Je n’ai que faire de la vôtre.

Elle avait commis une erreur en allant voir Marcus Appleton, se disait-elle. Peu importait ce qu’elle avait pensé ou dit ; l’affaire ne pouvait être portée devant un tribunal. Et bluffer, bien ou mal c’était sans importance, n’avait servi à rien et risquait de se retourner contre elle. Trop de gens s’intéressaient à l’affaire. Il n’y avait donc qu’une solution. Elle ne pouvait retourner ni à son bureau ni chez elle. Pour le moment, elle était surveillée de trop près.

Elle ralentit ; Sutton sauta lourdement sur le trottoir.

— Merci de m’avoir emmené.

— Pas de quoi, répondit-elle en reprenant sa place dans la circulation.

Elle avait un peu d’argent sur elle et sa carte de crédit. Elle n’avait donc aucune raison de passer chez elle.

Elle prenait la poudre d’escampette, se dit-elle. Pas vraiment la poudre d’escampette, du reste. Elle allait voir quelqu’un, elle ne s’enfuyait pas.

Dieu merci, se dit-elle, il se porte bien.

Eterna
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